Le Saint Prophète Mohammad (Bénédiction et salut soient sur lui), d’autre part, avait organisé sa journée en trois parties, et quelles que soient les saisons. Une partie de la journée était consacrée au culte, la seconde pour sa famille et la troisième pour ses besoins personnels. Très souvent, le temps qu’il se réservait pour lui-même était consacré à servir l’humanité.
Avec ses compagnons
Notre Muhammad (Bénédiction et salut soient sur lui) n’oubliait personne. Il avait vraiment la notion de la communauté soudée. Il demandait à ses compagnons s’ils avaient fait des rêves durant la nuit, pour qu’il puisse les interpréter, car il savait le faire. S’il n’y avait pas de rêve à interpréter, il racontait alors ses propres rêves et les expliquait. En plus, les rêves du Prophète ﷺ étaient prémonitoires et riches en enseignements.
Ensuite, il avait d’autres discussions intéressantes avec ses compagnons. Ils se rappelaient parfois :
- les anciens temps,
- la période avant l’Islam,
- comment le temps est passé,
- comme ils étaient heureux d’avoir connu l’Islam.
Il écoutait attentivement les compagnons parler. Parfois il participait, et d’autres fois il se contentait d’écouter. Toujours avec son large sourire radieux, pour lequel il était connu. Après la prière de Fajr, le Saint Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) demandait des nouvelles de ses compagnons et s’asseyait en leur compagnie jusqu’au lever du soleil. Parfois, ensemble ils discutaient de l’époque précédant l’avènement de l’Islam. Le Saint Prophète Mohammad (Bénédiction et salut soient sur lui) demandait si quelqu’un avait fait un rêve. Il se réjouissait si le rêve était bon et l’interprétait. Parfois, il racontait même ses propres rêves. (Sahih al-Bukhari, Kitab Ta’bir-ul-Ru’ya; Sunan Abu Daud, Kitab-ul-Adab ; Sahih Muslim, Kitab-ul-Masajid, Bab Fadl-il-Julus fis-Salat)
Le Saint Prophète Mohammad (Bénédiction et salut soient sur lui) planifiait sa journée le matin. S’il ne voyait pas une personne dans la mosquée pendant deux ou trois jours, il s’inquiétait et se renseignait à son sujet. Si celle-ci était en voyage, le Saint Prophète Mohammad (Bénédiction et salut soient sur lui) priait pour elle, et si elle était en ville ou malade, il lui rendait visite. (Kanz-ul-Ummal, vol. 7, p. 153)
La compagnie du Saint Prophète Mohammad (Bénédiction et salut soient sur lui) était très bénéfique pour l’édification et la formation des compagnons. Tôt le matin, les enfants lui apportaient des conteneurs remplis d’eau. Le Saint Prophète Mohammad (Bénédiction et salut soient sur lui) bénissait l’eau en y trempant ses doigts. (Sahih Muslim, Kitab-ul-Fadhail, Bab Qurbin Nabi minan-Nas). Il faisait ainsi jusqu’à ce que le soleil se lève.
Les dirigeants et les nobles du monde sont connus pour déléguer leurs devoirs à leurs ministres et s’adonner à leurs propres plaisirs, mais ce n’était pas la voie du Saint Prophète Mohammad (Bénédiction et salut soient sur lui). Il dirigeait lui-même les cinq prières quotidiennes ainsi que les prières du vendredi et de l’Aïd. Il aidait ses femmes dans les tâches ménagères et ne considérait jamais qu’il n’était pas digne pour lui que de travailler de ses propres mains. Comme une personne ordinaire, il cousait et rapiéçait ses propres vêtements, réparait ses chaussures, balayait la maison, s’occupait du bétail et le trayait; aidait les domestiques s’ils étaient fatigués (Musnad Ahmad, vol. 6, p. 121; Usdul-Ghabah, vol. 1, p. 29).
Lui-même allait marquer le bétail du trésor (Baitul-Mal). Il s’occupait de ses voisins et trayait leurs chèvres pour eux. (Musnad Ahmad, vol. 5, p. 111)
L’une des tâches les plus importantes et délicates que le Saint Prophète Mohammad Bénédiction et salut soient sur lui() a dû accomplir était la sauvegarde de la révélation du Saint Coran. La majeure partie de son temps était consacrée à cet effet.
Qu’il reçoive une révélation dans sa maison ou lors d’une réunion, il éprouvait toujours un sentiment particulier car la tâche était lourde et il transpirait à profusion. Il appelait immédiatement le scribe pour enregistrer la révélation par écrit. (Sahih al-Bukhari, Bada-ul-Wahi wa Fadhail-ul-Quran)
Mémoriser la révélation, la réviser pour la réciter au cours de la Salat, et réfléchir à sa signification était encore une autre tâche exigeante que le Saint Prophète Mohammad (Bénédiction et salut soient sur lui) devait accomplir.
Avec ses épouses
Il procédait ensuite à une visite de toutes ses épouses. En arrivant chez chacune d’entre elles, il commençait par se rebrosser les dents avec son siwak. C’est un geste très important pour lui. Puis il saluait la maison en entrant, en disant :
« As salam alaykoum ! Comment allez-vous, membres de cette maison ? »
Il allait ensuite embrasser son épouse. Puis, il prenait des nouvelles, il restait un peu avec elle pour discuter, puis s’en allait. Il terminait avec l’épouse chez qui il passait la journée. Il prenait un modeste petit-déjeuner s’il y avait à manger. Souvent, c’était des dattes et un peu de lait. Et s’il n’y avait rien, il disait: « Très bien, jeûnons aujourd’hui. » (Jami ‘al-Tirmidhi, Kitab-us-Saum). Après la visite de ses épouses, il retournait à la mosquée.
Le Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) était le meilleur de tous les hommes : il était le meilleur d’entre eux vis-à-vis de sa communauté et le meilleur d’entre eux avec ses épouses. C’est lui qui a dit :
« Le meilleur d’entre vous est celui qui se comporte le mieux avec ses épouses, et je suis celui qui se comporte le mieux avec mes épouses » [al-Tirmidhî (Al-Albânî : Sahîh)].
Cette supériorité morale dans ses relations avec ses épouses, qu’Allah soit satisfait d’elles, se manifesta sous la forme de la plus parfaite conduite qui soit ; en matière de bonnes manières, de gratification, de respect, de bon traitement, d’affection, de cajoleries, de caresses, de plaisanteries, d’équité, de miséricorde et de fidélité, entre autres vertus indispensables pour mener une bonne vie conjugale. Le Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) était toujours de commerce agréable et affable avec ses épouses.
Son respect et sa considération pour ses épouses atteignirent un degré inouï que ni les Arabes, ni les non-Arabes n’ont jamais connu, au point que le Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) plaça son genou pour permettre à son épouse Safiyya, qu’Allah soit satisfait d’elle, d’y poser les pieds pour qu’elle puisse monter son chameau (Boukhari et Mouslim).
Cet amour, cette fidélité, cette considération, ce respect et cette bienfaisance ne s’arrêtaient pas lorsque l’une d’elle venait à décéder, mais elle se poursuivait même après sa mort. Lorsqu’il égorgeait un mouton, il le découpait et en envoyait une part aux amies de Khadîdja, qu’Allah soit satisfait d’elle (Boukhari et Mouslim).
De tous les hommes, le Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) était le plus longanime avec ses épouses. Il pardonnait leurs écarts de conduite, faisait montre de compassion, supportait la jalousie des unes envers les autres, consolait celle qui subissait une vexation de la part de l’une de ses coépouses, rappelait à l’ordre et exhortait cette dernière.
Anas, qu’Allah soit satisfait de lui, rapporta que quand Safiyya sut que Hafsa disait d’elle avec mépris qu’elle était la fille d’un juif, elle se mit à pleurer. Le Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) entrant chez elle et la trouvant ainsi, lui demanda la raison de ses larmes. Elle lui répondit : « Hafsa a dit de moi que j’étais la fille d’un juif ». Le Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) lui dit alors :
« Tu es certes la descendante d’un prophète, ton oncle paternel est un prophète et tu es l’épouse d’un prophète. Peut-elle donc se permettre de se vanter devant toi ? ».
Puis, il dit à Hafsa : « Crains Allah, Ô Hafsa » [Ahmad, al-Tirmidhî et Ibn Hibbân (Al-Albânî : Sahîh)].
Le Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) avait pour habitude d’entrer chez ses épouses avec un sourire qui illuminait son visage, remplissant leurs cœurs et leurs appartements de chaleur humaine et de bonheur.
L’une des facettes de la parfaite éthique du Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) avec sa famille et ses épouses, se manifestait à travers le fait qu’il était bienfaisant, affectueux et affable à leur égard ; il plaisantait avec elles, leurs disait des mots tendres et les cajolait
Il donnait à Aïcha, qu’Allah soit satisfait d’elle, des surnoms affectueux, tels que « `Aïch » (Boukhari) ou « Humayra’ » [An-Nasâ`î (Al-Albâni : Sahîh)].
Il l’honorait en l’appelant avec le nom de son père et en lui disant : « Ô fille d’al-Siddîq » [Ahmad, al-Tirmidhî et Ibn Mâdjah (Al-Albâni : Sahîh)], en guise d’amabilité, de familiarité, d’affection à son égard, de respect et de considération pour sa famille.
Le Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) aidait ses épouses dans toutes leurs affaires et était à leur service. Aïcha, qu’Allah soit satisfait d’elle, faisait le Ghusl avec lui et ils utilisaient le même récipient. Il lui disait : « Laisse-moi un peu d’eau », et elle lui disait de même (Boukhari et Mouslim).
Le Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) envoyait les filles des Ansârs à Aïcha, qu’Allah soit satisfait d’elle, pour qu’elles jouent avec elle.
Aïcha, qu’Allah soit satisfait d’elle, évoqua cette vertu éminente du Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) fort soucieux de la distraire et de la réjouir, et dit : « Je jouais à la poupée chez le Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) et je recevais des amies qui venaient jouer avec moi. Quand le Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) entrait, elles se cachaient par timidité. Alors, il les ramenait vers moi pour qu’elles continuent à jouer avec moi » (Boukhari et Mouslim).
Le Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) était d’un abord facile : quand Aïcha, qu’Allah soit satisfait d’elle, avait envie d’une chose, à moins que ce soit une chose réprimandée ou préjudiciable d’un point de vue religieux, il exauçait sa demande, comme, entre autres, sa demande d’accomplir une ‘Umra (petit pèlerinage).
Quand elle buvait dans une tasse, il la prenait et buvait en déposant ses lèvres à l’endroit même où elle avait posé les siennes. Aïcha, qu’Allah soit satisfait d’elle, rapporta ce qui suit : « Quand je buvais quelque chose, alors que j’avais mes menstrues, puis que je le donnai à boire au Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) il buvait en posant ses lèvres là où j’avais mis les miennes. Et quand je mangeais un os entouré de viande, alors que j’avais mes menstrues, puis que je le donnais à manger au Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) il mangeait, en posant ses lèvres là où j’avais mis les miennes » (Mouslim).
Le Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) s’appuyait sur le giron de Aïcha, qu’Allah soit satisfait de lui, même lorsqu’elle avait ses menstrues, et récitait le Coran. (Boukhari et Mouslim).
Quand elle avait ses menstrues, il l’enjoignait parfois de s’envelopper d’un pagne et la caressait (Boukhari et Mouslim). En outre, il l’embrassait quand il jeûnait (Boukhari et Mouslim).
Un autre aspect de sa gentillesse et de son bon comportement résidait dans le fait qu’il lui permettait de se distraire.
Lorsque Aïcha, qu’Allah soit satisfait d’elle, fut interrogée au sujet des activités du Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) chez lui, elle répondit : « Il aidait ses épouses dans les tâches ménagères, et quand venait l’heure de la prière, il faisait ses ablutions et sortait pour l’accomplir » (Boukhari).
Aïcha, qu’Allah soit satisfait d’elle, dit : « Le Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) recousait son Qamis, réparait ses chaussures et faisait à la maison ce que les hommes ordinaires font chez eux. » [Ahmad et Ibn Hibbân (Al-Albâni : Sahîh)].
Elle rapporta également ce qui suit : « Je sortis avec le Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) dans l’une de ses expéditions, alors que je n’étais qu’une fille qui n’avait pas encore d’embonpoint. Il dit aux gens : ‘Avancez-vous’, ils s’avancèrent, puis il dit: ‘Viens faire la course avec moi’. Je fis la course avec lui et l’emportai. Puis il attendit jusqu’à ce que j’aie de l’embonpoint. Je participai à l’un de ses voyages et il dit aux gens : ‘Avancez-vous’. Puis, il me dit : ‘Viens faire la course avec moi’. Il gagna la course et se mit à rire en disant : ‘Une victoire contre une victoire’ » [Ahmad et Abû Dâwûd (Al-Albâni : Sahîh)].
Allah, exalté soit-Il, dit en toute vérité (sens du verset) : « Et tu es certes, d’une moralité éminente » (Coran 68/4).